À la nuit tombée, nombreux sont celles et ceux qui redoutent d’aller se coucher.

Une fois la lumière éteinte, notre chambre se transforme en une pièce très peu rassurante. Nous distinguons de bien étranges formes inexistantes en plein jour et nous sommes persuadés d’entendre des bruits venus de nos placards, de notre couloir ou de derrière notre porte.

C’est le moment préféré du croque-mitaine pour faire son apparition…


Définition : Le croque-mitaine est un personnage maléfique présenté aux enfants pour leur faire peur dans le but de les rendre plus sages. En effet, la légende raconte aussi que ce monstre se cache sous le lit des enfants ou dans le placard. Tapis dans l’ombre, il attend patiemment qu’une main ou un pied dépasse du matelas pour s’en saisir. Il sert souvent à marquer les interdits vis-à-vis de moments ou de lieux considérés comme dangereux, en particulier par rapport à la nuit. Un croque-mitaine peut se dissimuler n’importe où. La crainte provoquée par la menace de tels personnages crée une peur qui n’a plus besoin d’être motivée.

Les personnes ici photographiées ont réellement vécu les peurs ou traumatismes décrits dans leur écrit. Pour la grande majorité, leur croque-mitaine s’est bel et bien envolé avec l’âge alors que pour d’autres, ils demeurent toujours présents mais bien plus discrets qu’avant.

LE CROQUE-MITAINE DANS LE COULOIR

Un témoignage de Laure G., août 2020.

«Il y a plus d’une dizaine d’années maintenant, j’ai regardé, chez ma tante, une émission sur les phénomènes paranormaux.

Vivant à Argenteuil depuis de longues années j’adorais me rendre chez elle le week-end. Elle possédait un appartement agencé de façon à ce qu’il y ait un long couloir qui mène aux chambres. Ce couloir, avant de tourner sur les pièces à coucher, donnait directement sur un cagibi, une pièce quasiment toujours plongée dans le noir de par son manque d’utilisation.

C’est ici, dans cette pièce, et après avoir regardé cette émission, que j’ai commencé à m’imaginer cette espèce de créature à la forme presque humaine qui avait difficilement été représentée à la télé. Le fait d’avoir vu la forme «en vrai» dans le reportage me permettait de savoir exactement ce qui m’attendait au bout.

Depuis ce jour je n’ai pas pu réemprunter ce couloir sans lumière comme je le faisais auparavant sauf lorsque j’étais accompagnée.

Aujourd’hui, cette peur m’est complètement passée. Elle était tirée de mon imagination soutenue par ma mémoire visuelle qui me permet souvent de retranscrire ce que j’ai pu voir préalablement. Ce qui n’est pas toujours à mon avantage…»

LE CROQUE-MITAINE DANS LES ESCALIERS

Un témoignage de Inès F., août 2020.

«J’ai peur de ce que je peux imaginer une fois la nuit tombée. Mon cerveau s’amuse à me faire voir des ombres humaines. J’ai l’impression d’apercevoir une femme contorsionniste pencher la tête dans ma direction, les yeux exorbités.

Je pense que cette peur est liée à de nombreux rêves imaginés dans mon enfance dans lesquels on me tue en me touchant le dos. Tout a commencé au beau milieu d’une nuit. Alors que je venais tout juste de sortir de mon cauchemar, ma sœur, penchée au-dessus de mon lit (lits superposés), cheveux tombant en avant, me fixa avec ces mêmes yeux qui m’horrifiaient tant. J’ai hurlé de peur.

Il y a quatre ans je suis allée voir une pièce de théâtre (d’horreur) dans laquelle une scène m’a terrifiée. On y voyait une femme contorsionniste, avec de longs cheveux noirs, sortir d’une armoire et d’un canapé telle une araignée gigantesque.

Encore aujourd’hui, lorsque je regagne ma chambre, mon sang se glace rien qu’à l’idée de voir apparaître ce monstre sur les marches de mes escaliers… et de le sentir monter juste derrière moi…»

LE CROQUE-MITAINE SUR LE LIT

Un témoignage de Phéline L., septembre 2020.

«Depuis toute petite, j’imagine des monstres qui m’observeraient la nuit, dans l’obscurité de ma chambre. Je les ai imaginés sans jamais les voir car, dès que j’allumais la lumière, le mirage disparaissait instantanément et je pouvais me rendormir, sereine. Parfois, mon œil était simplement trompé par un objet déformé par les rayons de la lune… ou bien était-ce ce qu’ils voulaient me faire croire ?

Néanmoins, un jour, j’en ai vu un. J’avais cinq ans, je dormais depuis plusieurs heures quand je me suis réveillée. Aucun bruit dans ma chambre. J’ai simplement ouvert les yeux et il était là. Immense, tout noir, avec des yeux rouge écarlate. Debout sur mon lit, il me toisait. Ni lui ni moi n’avons émis un son, puis j’ai poussé un cri strident avant de bondir hors des draps et de prendre mes jambes à mon cou, persuadée qu’il me suivait.

Je ne l’ai jamais revu. Mais parfois la nuit, je l’imagine planer au-dessus de moi dans l’attente de mon réveil…»

LE CROQUE-MITAINE DANS LE PLACARD

Un témoignage de Taliza C., septembre 2020.

«Petite, j’ai toujours eu peur des coins sombres où tout laissait place à l’imagination.

Dans mon ancienne maison, il y avait un placard incrusté dans le mur qui refusait de se fermer. On pouvait y entrer et apercevoir une fente entre le mur et les étagères pouvant y accueillir une personne accroupie… Lorsque la nuit tombait, couchée dans mon lit, j’avais cette impression dérangeante d’une présence dans mon placard.

Toutes les nuits, je vérifiais qu’il n’y avait personne et pour m’en assurer, je plaçais une très grande peluche devant la fente comme pour me protéger de cet individu imaginaire.

En grandissant, je me suis rendue compte que tout cela n’était qu’une peur d’enfant.

Ce qui était vraiment effrayant, c’était la noirceur de l’inconnu, ne pas savoir ce qui se cachait entre les portes du placard. Mon esprit d’enfant avait juste imaginé des histoires angoissantes…»

LE CROQUE-MITAINE SOUS FORME DE GANTS

Un témoignage de Amira B., septembre 2020.

«À mes 6 ans, j’avais peur de la potentielle apparition de gants à ma fenêtre. Oui des gants… Vous vous demandez sûrement pourquoi. L’histoire n’est pourtant pas si sombre qu’elle en a l’air.

En effet, une matinée d’un lundi, revenant du weekend, j’étais en classe. On nous a raconté que des voleurs étaient passés dans la nuit. L’ambiance était donc glaciale. La police a fait le tour des classes puis un policier s’est exclamé en disant « il avait des gants celui-ci ! » Ça m’a tétanisée. Je suis rentrée le soir même chez moi, ignorant que cet événement allait être le début d’une peur nocturne…

Depuis ce jour, tous les soirs avant de dormir, j’ai peur que des gants apparaissent à ma fenêtre et que des voleurs s’introduisent chez moi…»

LE CROQUE-MITAINE DEVANT LA PORTE

Un témoignage de Marie L., octobre 2020.

«Enfant, il m’arrivait parfois la nuit de faire des paralysies du sommeil, phénomène relativement courant à cet âge. Ce trouble se manifeste par une sensation de paralysie, souvent mêlé à des hallucinations visuelles et auditives.

Ces soirs là, j’étais alors enfermée dans mon corps, incapable de bouger, de crier mais néanmoins consciente de mon environnement. Ma chambre était silencieuse, il faisait noir, mais dans la pénombre, je distinguais très clairement une silhouette devant la porte, face à mon lit.

Elle ne s’est jamais présentée, mais je savais que c’était elle. C’était pour moi une évidence, il s’agissait de La Mort. C’était une ombre, près de ma porte, qui me fixait sans bouger, et semblait attendre que je fasse un geste pour venir me chercher. Terrifiée, je n’avais d’autre choix que de vivre ce moment intense d’effroi, les yeux fixés sur la Mort, tremblante, trop apeurée pour oser allumer la lumière. Nous nous fixions, attendant que l’une d’entre nous fasse le premier geste, durant ce qui semblait être des heures. Je tremblais, prise de sueurs froides, dans un état de panique impossible à contrôler.

Après quelques minutes, ressenties comme des heures, je parvenais à bouger, et tendais la main pour éclairer la chambre : alors, elle disparaissait, me laissant en larmes dans mon lit, dans l’incapacité de me rendormir.

Je l’ai vue plusieurs fois, et puis en grandissant, de moins en moins souvent, jusqu’à aujourd’hui, ou elle ne vient plus hanter mes nuits. Mais avant de dormir, je jette toujours un coup d’œil vers la porte, au cas ou elle se tiendrait là.»

LE CROQUE-MITAINE SOUS LE LIT

Un témoignage de Julie V., octobre 2021.

«D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu peur du noir et de ce qu’il peut renfermer. Cela rendait l’heure du coucher assez pénible. Cette terreur nocturne, très poussée au départ, ne s’atténuait que grâce à la lumière du couloir, allumée toute la nuit puis, plus tard, à la présence de petites loupiotes postées à différents endroits dans ma chambre. Le noir obscur qui y régnait donnait lieu à une imagination terrifiante et plus que fertile. L’impression d’entendre des pas sur la moquette alors qu’il s’agissait du sang battant dans mes tempes, l’interprétation de chaque craquement issu du bois du parquet ainsi que de celui, plus proche, de mon propre lit ou encore l’illusion que pouvaient donner certains éléments de ma chambre comme la fameuse chaise ensevelie sous les vêtements semblable à une silhouette.

Petit à petit, en grandissant, cette peur du noir a su être rationalisée et dès qu’un élément pouvait me rappeler ces mauvais souvenirs, je l’enfermais mentalement dans un coffre à idées dans mon esprit, que je fermais à double tour.

Puis, un beau jour, il y a 3 ans de ça, après avoir regardé une vidéo sur des faits divers macabres, j’ai commencé à avoir peur de nouveau. Peur de ce qui pourrait se cacher sous mon lit notamment, que ce soit humain ou surnaturel. Cette peur panique ne survenait qu’une fois la nuit tombée et m’a poussée à regarder sous mon lit, chaque soir sans exception pendant plus d’un an, afin de m’assurer que rien ni personne ne s’y cachait. Pour être tout à fait honnête, il m’arrive encore de le faire même si cette peur s’est atténuée avec le temps et que j’ai changé de lit depuis.»